A juste titre...
Il est des livres qui font rêver avant même que d'avoir été lus.
Voyage au bout de la nuit (Céline)
Des livres aux titres si chargés de sens qu'il serait vain de vouloir en épuiser les possibilités.

Ils viennent faire écho à ce qui se trame en nous, écho peut-être à nos propres mots qui n'avaient pas encore pris forme, n'avaient pas trouvé l'élan pour s'extraire du fouillis qu'est le notre, des intuitions, de vagues réminiscences, ou des choses dites, proférées à l'instinct, peut-être travaillées, dites et redites, sans encore avoir trouvé le mot juste, ou peut-être si, le mot juste a-t-il été trouvé, dit et redit, répété ad nauseam, dans le huis clos d'un cœur.
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (stig Dagerman)
Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse ? (Gunther Anders)
Ces mots rompent le cercle étroit de notre solitude. Ils irradient notre intimité, font tomber quelque pan d'ombre. Invoquent quelque esprit. Des foules. Des autres, possiblement à notre semblance.
Rêveurs et nageurs. (Grozdanovitch)
Exhibés en première de couverture, ils maintiennent les pages sous leur poids, et y infusent leur poésie. C'est d'une force telle parfois qu'on se surprend à rêver du livre même, à en retarder la lecture pour garder en bouche cet avant-gout du livre.

En arrière plan ce qui est dit et contenu dans le titre, une invitation à extravaguer, de quoi arpenter des nuits de silence. Rentre lecteur, il y a encore des territoires à explorer.
La carte et le territoire (Houellebecq)
L'arrière-pays. (Bonnefoy)
Ils viennent soulever un enthousiasme, éveiller quelque amour assoupi. Des titres, comme des attiseurs de rêves. Des brèches, sur des ciels clairs et sonores.

Des titres de noblesse, où les fiefs bravement conquis sont de mots, avec en sous-titre peut-être : en faire bon usage… ou autre, selon nos attentes.